Au premier étage du très beaux Musée des Beaux-Arts de Nîmes, un petit tableau anonyme, peint à l’huile sur cuivre et daté 1687, présente une Jeune fille poursuivie par l’Amour.
Mais surtout on se demande où avons nous déjà vu ce jeune couple, surpris exactement en ce moment, avec les mêmes expressions ? La réponse est : chez l’Albane, au Louvre*.
Francesco Albani, dit l’Albane (1578-1660) Apollon et Daphné (1615-1620), huile sur cuivre, 17 x 35 cm |
Elle court et demande de l’aide à son père, le fleuve Pénée, personnifié par le vieil homme. Par rapport au tableau Apollon et Daphné du Louvre, le tableau de Nîmes, présente d'ailleurs Pénée. Est-ce qu’il a été toujours absent du tableau de l’Albane ?
L’histoire d’Apollon et Daphné est racontée par Ovide dans le premier livre des Métamorphoses :
« Fille du fleuve Pénée, Daphné fut le premier objet de la tendresse d’Apollon. Cette passion ne fut point l’ouvrage de l’aveugle hasard, mais la vengeance cruelle de l’Amour irrité. […] Cependant Apollon aime : il a vu Daphné ; il veut s'unir à elle. […] Nymphe du Pénée, je t'en conjure, arrête ! ce n'est pas un ennemi qui te poursuit. Arrête, nymphe, arrête ! […] Elle pâlit, épuisée par la rapidité d'une course aussi violente, et fixant les ondes du Pénée : "S'il est vrai, dit-elle, que les fleuves participent à la puissance des dieux, ô mon père, secourez-moi ! ô terre, ouvre-moi ton sein, ou détruis cette beauté qui me devient si funeste !"»
À notre avis, le cartel du tableau Jeune fille poursuiviepar l’Amour du Musée des Beaux-Arts de Nîmes peut marquer sans réserve :
Daphné poursuivie par Apollonou Apollon et Daphné, d’après l’Albane.
CHIRCA,Les amours de dieux dans les peintures du Louvre, Les Éditions du Net, 2018, p. 22.